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Gabon : Quand l’impunité érige l’incivisme en norme

Dans les rues de Libreville et dans le reste du Gabon, l’incivisme s’affiche au grand jour : déchets jetés en pleine rue, feux rouges ignorés, stationnements anarchiques… Pourtant, des lois et des arrêtés existent pour encadrer ces comportements. Mais leur application reste souvent théorique. Cette absence de sanctions effectives transforme les textes en coquilles vides et encourage les comportements déviants.

Jeter des ordures sur la voie publique, brûler des déchets à ciel ouvert, uriner dans les rues, ou encore envoyer des enfants de moins de 13 ans déposer les ordures sont des actes pourtant interdits par l’arrêté municipal n°0461/PE/CL/SG/DCAJC du 28 septembre 2022. Cet arrêté réglemente la gestion et le dépôt des déchets ménagers dans la commune de Libreville. Il stipule que tout contrevenant aux règles de conditionnement, de conservation et de dépôt des déchets ménagers sera puni d’une amende allant de 500 à 50 000 FCFA, ou d’une sanction-réparation, notamment le nettoyage des abords des points d’apport volontaire (PAV), des bacs ou bennes à ordures, ou de tout autre travail manuel proportionnel au degré de l’infraction commise. En cas de récidive, la peine est portée au double.

Des lois sans crocs : un système au service de lui-même

Ce n’est pas le cadre légal qui fait défaut. C’est la volonté de l’appliquer. Très souvent, les autorités compétentes soit par négligence, soit par crainte de répercussions sociales ou politiques ferment les yeux. Et lorsque l’État devient complice de l’inaction, le citoyen devient roi dans la dérive. L’impunité n’est plus un accident, elle devient un mécanisme. Pire, elle devient une incitation : pourquoi respecter les règles, si ceux qui les enfreignent n’en paient jamais le prix ?

Un citoyen qui respecte les passages piétons ou qui évite de corrompre un agent de la circulation est presque vu comme « Mougou« . Il ne fait pas preuve d’intelligence, il « n’a rien compris au système« . Cette inversion des valeurs, alimentée par l’impunité, est la porte ouverte à une société où la loi n’est plus la norme mais l’exception. Et cela commence toujours de la même façon : des sanctions prévues mais jamais appliquées.

Vers une société de responsabilité ou de laisser-faire ?

Le problème n’est pas qu’il n’y ait pas de lois au Gabon. Le problème, c’est qu’elles sont plus souvent citées dans des rapports qu’appliquées dans les faits. Tant que les sanctions resteront théoriques, l’incivisme restera pratique. Le retour à l’ordre, au civisme, à la responsabilité collective ne pourra s’envisager sans une véritable culture de la sanction. Une sanction juste, transparente, et surtout effective. Sinon, à quoi bon voter des lois, si c’est pour les enterrer aussitôt signées ?

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